La mortalité infanto-juvénile est une préoccupation majeure de développement du Burkina Faso. Au démarrage du projet en 2020, le rapport sur les résultats définitifs du recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) de 2019 indiquaient que sur 1000 naissances vivantes, 55,9 décédaient avant d’atteindre leur premier anniversaire, 33,3 à l’âge d’un an et 87,3 avant leur cinquième anniversaire.

Des études récentes réalisées en Tanzanie, au Malawi et au Niger ont montré que l’administration de masse semestrielle de l’Azithromycine aux enfants d’âge préscolaire réduit la mortalité, l’effet le plus important observé au Niger (18,1%).

Présentant un profil épidémiologique similaire au Niger, le Burkina Faso s’est engagé à mettre en œuvre le projet dénommé “Mortalité infantile réduite par l’administration de masse d’Azithromycine” en abrégé MIRAMA.

Le projet MIRAMA poursuit les objectifs suivants :

• Réduire la mortalité infantile chez les enfants âgés de 1 à 11 mois de 10% dans les zones d’intervention par rapport aux zones placebo d’ici la fin de la période d’intervention du projet ;
• Surveiller la résistance antimicrobienne dans la population ciblée au début, après 01 an et après 02 ans à la fois dans les zones traitées à l’Azithromycine et dans les zones recevant du placebo ;
• Evaluer le coût-efficacité du couplage Azithromycine/placebo aux campagnes JVA+ par enfant traité ;
• Etablir la validité des taux de morbidité collectés auprès des structures de soins en tant qu’indicateur indirect et peu coûteux pour la mesure de la mortalité des enfants âgés de 1 à 11 moi.

La stratégie d’administration de masse de l’Azithromycine/placebo au Burkina Faso repose sur son couplage aux JVA+. Par conséquent, l’administration se fait de porte en porte en 04 jours tous les six mois et elle est assurée par des Distributeurs communautaires (DC) et des agents de santé à base communautaire (ASBC).

De façon spécifique dans les 03 régions d’intervention, il s’agit entre autres de contribuer à :

• L’appui pour l’organisation tous les 06 mois, des rencontres préparatoires, des plaidoyers et des activités de mobilisation sociale dans le cadre des JVA+ ;

• L’administration semestrielle d’Azithromycine aux enfants âgés de 1 à 11 mois en plus de la supplémentation en vitamine A, du déparasitage et du dépistage de la malnutrition aigüe ;

• La supervision au niveau régional et district ;

• L’appui pour la supervision des agents du ministère en charge de la santé à chaque campagne couplée ;

• L’appui pour les rencontres de validation des données au niveau régional et national.

Le projet MIRAMA est mis en œuvre dans l’ensemble des vingt districts sanitaires de trois régions du pays : Centre-Est, Hauts-Bassins et Sud-Ouest.

Les 4 campagnes couplées prévues et réalisées dans la phase pilote du projet ont enregistré les résultats suivants :

La faible performance de la première campagne couplée est due entre autres à la nouveauté de l’approche, au nombre insuffisant de distributeurs (ASBC/DC) et surtout à la requête du consentement éclairé écrit des bénéficiaires et à la courte durée de la campagne (seulement 2 jours). De plus, la survenue d’événements socio-politiques le deuxième jour de la campagne n’a pas permis une mise en œuvre effective surtout en zone urbaine.

Tirant leçon de ces insuffisances et mettant en œuvre les recommandations formulées lors des rencontres de bilan, les parties prenantes ont pu inverser la tendance et ce, dès la seconde campagne.

Université de Californie à San Francisco [UCSF]
Centre de Recherche en Santé de Nouna [CRSN]
DGSHP : Direction générale de la santé et de l’hygiène publique.
DSF : Direction de la santé de la famille.
DN : Direction de la nutrition.